J’ai lu “Chanson Douce” de Leïla Slimani

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Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame.


“Le bébé est mort”. Le ton est donné. Le premier chapitre nous amène sur la scène de crime dans l’appartement des Massé, rue d’Hauteville, dans le dixième arrondissement. Les premiers instants donnent froid dans le dos. On découvre les personnages. Myriam et Paul, les parents. Mila et Adam, les enfants. Et Louise, la nounou.

Les pages défilent dans des flash-back incessants : recrutement de la nourrisse, adaptation dans la famille, vacances en Grèce, bref toute l’histoire avant le drame. Le passé de Louise est dévoilé au fur et à mesure du roman et on décèle une pointe de “quelque chose de louche”. Je n’ai ressenti aucun sentiment pour les personnages, ni les parents bobos parisiens, froids et hautains, ni les enfants qui sont insupportables, ni la nounou. Bien que celle-ci me paraît tout simplement déséquilibrée et seule. Un mari violent, des anciens patrons n’ayant aucun respect pour elle et une fille difficile, elle semble perdre la tête, un peu plus, à chaque nouveau chapitre. On ne sait pas ce qu’elle ressent, ni ce qu’elle pense, elle a des valeurs mais également des sauts d’humeurs particuliers.

“Chanson Douce”, le second roman de Leïla Slimani, déjà récompensé du prix Goncourt 2016, est un vrai régal. Des mots, simples, sont assemblés parfaitement pour tenir le lecteur dans un suspens constant omniprésent. J’ai tourné les pages, de cette histoire banale, sans les voir défiler. La plume de la Franco-Marocaine de 35 ans, est subtile comme un murmure et délicate comme une chanson (mais bien loin des paroles d’Henri Salvador). Elle dénonce, sans tabous, les interdits de notre société, ceux qui rendent mal à l’aise : les sans-papiers, les inégalités sociales, le racisme, les femmes actives. Son premier roman “Dans le Jardin de l’Ogre” dévoile le sujet de l’addiction sexuelle chez la femme.

Cependant, je suis restée sur ma fin. Le livre fini comme il a commencé. Aucun mobile, aucune explication. Peut-être qu’il n’y en a pas tout simplement. Louise est déséquilibrée, à cause de son ancienne vie, de son passé. Ce qui est intéressant, c’est sans nul doute la relation entre la mère de famille et la nounou. Laisser ses enfants à une parfaite inconnue, qui doit assumer la sécurité de la prunelle de nos yeux est un pas immense et très difficile. On remarque, nous lecteurs et spectateurs, le changement de ce personnage si particulier et on a envie de crier aux parents de regarder la vérité en face.

Un livre envoutant que je conseille à tous. Quand on sait que l’écrivain a tiré son roman d’une histoire vrai, on ne peut qu’avoir des sueurs froides…

Vous pouvez retrouver ce roman à la Librairie Antillaise de La Galleria.

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